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Musée Lucien Roy - Beure

Les salles dédiées à la grande guerre

Présentation des salles

Deux grandes salles sont consacrées au premier conflit mondial.

Dans la première, on a voulu montrer les différents modes de combat : sur terre, sur mer et dans les airs ; dans la seconde, c’est plutôt la vie quotidienne des soldats qui est présentée à travers de nombreux objets provenant des champs de batailles et des maquettes. Dans les deux salles de nombreux mannequins portent des uniformes d’époque, donnés par les familles. Sont aussi exposés des armes et des munitions, des photos, des lettres, des décorations, médailles et insignes, des affiches, certificats et brevets…tous authentiques.

La salle Alexandre Revillard

Ainsi nommée en hommage au grand père du Conservateur adjoint du musée : René Revillard.

Alexandre Revillard, soldat du 54ème RI est mort pour la France, le 15 juin 1915.

La Première Guerre Mondiale est aussi appelée : Grande Guerre, tout d’abord en raison des forces mobilisées et par voie de conséquence du nombre de victimes : 1,4 million en France, 1531 pour la commune de Besançon (liste à l’entrée de la salle).

Grande Guerre car pour la première fois il s’agit d’une guerre mondiale, aboutissement de la compétition entre les grandes puissances pour dominer le monde. Les rivalités économiques opposant l’Allemagne au Royaume-Uni, la compétition coloniale entre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne et les rivalités ethniques au sein de l’immense empire austro-hongrois font craindre le pire. Des mini conflits ont déjà secoué l’Europe et les empires coloniaux, chaque grande puissance essaie donc de nouer des alliances. Allemagne-Autriche et Italie s’unissent au sein de la Triplice et France-Royaume-Uni et Russie forment la Triple Entente, c’est le jeu des alliances qui entraîne le monde dans la guerre. Le détonateur est l’assassinat du duc héritier d’Autriche à Sarajévo le 28 juin 1914, un mois plus tard l’engrenage des alliances se met en route.

Le 1 août, France et Allemagne mobilisent (affiche de l’ordre de mobilisation générale) et le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France après l’avoir déclarée à la Russie le 1 août. Les Allemands violant la neutralité belge pour envahir la France, l’Angleterre entre à son tour dans le conflit. L’Italie, provisoirement neutre se ralliera à l’Entente.

Les colonies obligées de suivre leur métropole sont également impliquées dans le conflit et quand les Etats-Unis, indignés de voir l’Allemagne torpiller des paquebots sur lesquels voyagent des citoyens américains entrent en guerre (1917), le conflit devient véritablement mondial.

Les Allemands envahissent la Belgique, le Nord de la France et en septembre, arrivent à la Marne, menaçant Paris. Le général Galiéni (photo) gouverneur de la ville de Paris, convainc le général Joffre, chef de l’Etat Major de donner l’ordre de réquisitionner les taxis parisiens pour transporter les troupes sur la Marne et stopper l’avancée allemande : c’est le fameux épisode des taxis de la Marne qui permet de stopper l’avancée allemande. Des combats acharnés se déroulent jusqu’en novembre dans la boue des Flandres puis le front se stabilise de la mer du Nord aux Vosges, commence alors : la guerre de tranchées.
Grande Guerre encore, en raison de l’intensité et de la violence des combats.

Les nouveaux moyens mis en oeuvre

Guerre aérienne : on peut voir l’hélice du SPAD de l’adjudant Prêtre, il utilisait l’invention mise au point par Roland Garros et M. Mercier de Besançon permettant de tirer à travers l’hélice, son hélice endommagée lors d’un combat, lui a été donnée, la famille en a fait don au musée. Il a été le coéquipier de Guynemer, un des As de la Grande Guerre (54 victoires homologuées), mort en mission à 22 ans, au dessus des lignes allemandes. Sont également exposés : un uniforme d’aviateur, un buste d’aérostier et des fléchettes Bon, premiers projectiles de bombardement lancés à la main ou par sac et permettant de disperser les attroupements et d’effrayer les chevaux, les fléchettes pouvaient aussi blesser gravement les soldats qui ensuite mouraient de leurs blessures (gangrène), elles étaient beaucoup plus dangereuses qu’on ne le suppose au regard de leur petite taille.

Avant la guerre peu d’officiers dans les Etats-majors croient à l’utilité de l’aviation, ainsi, en 1914 ne compte-t-on que 200 avions allemands, 148 français et 84 anglais ! Utilisés surtout pour des opérations de reconnaissance, ils joueront un rôle essentiel dans la contre-offensive de la Marne ayant informé Joffre et Galliéni des positions allemandes, permettant ainsi la victoire.

Presque tous les aviateurs de la Grande guerre mourront au combat : les avions, légers, les protégeaient peu, ils n’avaient pas de parachutes et les avions prenaient feu facilement, nous avons le brevet, des photos et les souvenirs de Marius EME, grand brûlé, gueule cassée d’après-guerre qui témoignera de la difficulté à supporter le regard des autres.

Guerre maritime : des objets ayant appartenu au capitaine de vaisseau Hautefeuille, sous marinier de 1914 à 1918 rappellent les dangers encourus par les navires de marchandises torpillés par les U Boote allemands (diminutif de Unterseeboot : sous-marin en allemand), à l’époque les sous-marins font surface pour envoyer leurs torpilles. Les Allemands torpillent même les paquebots et passeront outre les avertissements américains, c’est pourquoi ceux-ci leur déclareront la guerre en avril 1917, rompant avec leur isolationnisme traditionnel.

Guerre terrestre surtout : des photographies présentent les chasseurs à pied, chasseurs alpins, chasseurs à cheval, s’y ajoutent des témoignages de leur bravoure, des objets leur ayant appartenu, notamment des armes et des décorations et l’histoire de l’adjudant Angelot de Thise près de Besançon.

La guerre de tranchée dont nous avons beaucoup d’objets et de témoignage sera évoquée plus loin.

Les chars font leur apparition en 1916, il s’agit de chars lourds peu maniables, conçus par les Anglais et les Français (Saint Chamond et Schneider). Engagés sur la Somme, trop dispersés, gênés par le terrain boueux, l’essai ne fut pas concluant. Même constat en avril 1917 lors de la grande offensive Nivelle : 60 chars sur 120 sont détruits par les canons allemands, les équipages brûlés vifs, l’infanterie sans protection massacrée. Renault, Berliet et Schneider mirent donc au point un modèle beaucoup plus léger (maquette) maniable dont l’apport fut décisif à Villers-Cotterêts (juillet 1918), on ne conçoit plus de percée sans eux et on en fabrique plus de 500 par mois, il y en en a plus de 2000 en ligne en novembre, c’est pourquoi on les baptisera : « les chars de la Victoire »

Les tenues militaires :

Autour de la salle, de nombreux mannequins en uniformes montrent l’équipement des différents corps d’armée et son évolution. On peut en particulier observer la tenue bleu marine et rouge des soldats de 1914 avec leur képi, tenue très voyante, conservée pour ne pas faire péricliter la culture de la garance dans le sud de la France, elle sera néanmoins abandonnée en1916 pour la tenue bleu horizon, (photo) 

On peut voir également la tenue des régiments dits « indigènes » : les spahis, vert kaki (spahi est un mot d’origine turque, le Dey d’Alger en avait à sa disposition quand la France a conquis l’Algérie. En 1914, on compte 4 régiments de spahis, 3 autres seront créés après ainsi que 2 marocains. Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul régiment stationné à Valence). Même le casque est de couleur kaki. De nombreux officiers en uniforme, arborent leurs décorations.

Le képi du début de la guerre côté français et le fameux casque à pointe prussien seront remplacés par des casques en acier, plus protecteurs. Le casque Adrian sort des usines Japy de Paris et Beaucourt dans le Territoire de Belfort.
Ces casques, distribués à partir de septembre 1915 doivent protéger la tête des soldats, engagés désormais dans une guerre de tranchées, leur nom est celui du sous-intendant militaire Louis Adrian qui les a commandés.

D’autres pays comme l’Italie, la Belgique, la Roumanie, la Russie, la Pologne, la Serbie…l’adoptèrent, ainsi, au total, on en fabriquera plus de 20 millions. De couleur bleu horizon il comprend 5 pièces : la bombe, la visière et la nuquière, le cimier et la coiffe en cuir. A l’avant du casque figure l’attribut caractéristique de l’arme, le plus répandu étant celui de l’infanterie : une grenade surmontée d’une flamme  Initialement peints en bleu brillant (excellentes cibles sous les reflets du soleil), ils le sont ensuite en bleu mat et ceux d’Afrique couleur moutarde. Le casque Adrian modèle 1915 fut fabriqué en acier plus résistant à partir de 1926, puis à partir de 1935 sa couleur devint le kaki, il équipa l’armée française jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale et les forces de police l’utilisèrent jusque dans les années 1970.Certains casques portent une plaque de visière, avec l’inscription « soldat de la Grande Guerre 1914-1918 » : reconnaissance accordée par la suite aux soldats de métier.
Des casques allemands à boulons ou « à tête d’insectes » comme les appelaient les Français sont aussi exposés, les boulons servant à fixer une plaque de blindage.

L’armement :

Sont largement représentées, dans différentes vitrines ou sur les mannequins, des armes et des munitions : fusils, grenades de toutes sortes, colts, pistolets, baïonnettes, poignards, bandes de mitrailleuse…